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Sérophobie : du rejet à l’acceptation

La sérophobie reste encore trop répandue. Sous quelles formes se présente-t-elle et comment la combattre ? On fait le point.

Temps de lecture : 5 min
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Les points à retenir

  • La sérophobie reste une réalité, plus de 40 ans après le début de l’épidémie de VIH.
  • La sérophobie peut prendre plusieurs formes, de la simple peur à la discrimination pure et simple. 
  • Parce qu’il n’y a pas à avoir honte de son statut, la visibilité des personnes séropositives est une bonne arme pour lutter contre la sérophobie.

Qu’est-ce que la sérophobie ? 

La sérophobie, c’est la peur ou le rejet des personnes vivant avec le VIH. Elle est souvent motivée par la peur du virus et la peur d’être contaminé. Cette peur est très présente depuis les débuts de l’épidémie. Auparavant mortelle, avec des symptômes parfois spectaculaires en fonction des affections qui se déclaraient, la maladie effrayait de nombreuses personnes. Cette peur peut se traduire en paroles, mais aussi en actes. Et quand on vous refuse quelque chose en raison de votre séroposititivé, cela s’appelle de la discrimination. 

Aujourd’hui, grâce aux traitements, on peut avoir une espérance de vie quasi normale lorsqu’on vit avec le VIH. Pourtant, la séropohobie n’a pas disparu.

 

Quelles formes peut prendre la sérophobie ?

La sérophobie peut prendre plusieurs formes. Elle peut être :

  • institutionnelle : un refus d’assurance par exemple ;
  • médicale : un refus de prise en charge médicale chez le dentiste par exemple ;
  • personnelle : une personne refuse d’avoir une relation avec quelqu’un en raison de sa séropositivité. 

Séropositif depuis dix ans, le militant Fred Lebreton note une évolution positive concernant la sérophobie : « Il y a du mieux, notamment côté institutionnel. Ce qui m’inquiète le plus, c’est l’ignorance et la méconnaissance de certains soignants, qui ignorent encore la différence entre VIH et sida ou ne connaissent pas le TasP [Treatment as Prevention, traitement comme prévention] », note-t-il.

 

La sérophobie au sein de la communauté gay

On rencontre aussi de la sérophobie au sein de la communauté gay, notamment sur les applis de rencontre. S’inspirant du compte  Instagram « Personnes racisées vs Grindr », Fred a créé le compte « Séropos vs Grindr », où il répertorie un florilège de phrases blessantes envoyées à des utilisateurs d’applications. 

« Sur les applications de drague, on rencontre deux types de sérophobies. Premièrement, la peur : on va te demander si tu es clean. Deuxièmement, le fétichisme : le mec veut que tu le “plombes”. Ce type de fantasme est plus malsain. Avec celui qui a peur, on peut discuter ; là, tu es réduit à un fantasme ambulant. » Sur ce compte, Fred dénonce les propos déplacés dont il est victime – ou qu’on lui transmet – et en profite pour faire de la pédagogie.

 

Contre la sérophobie : la visibilité

Par le passé, quelques personnalités ont révélé leur séropositivité pour montrer au grand public qu’on pouvait parler de son statut sans en avoir honte – par exemple, le basketteur américain Magic Johnson ou l’actrice française Charlotte Valandrey. 

Aujourd’hui, une nouvelle génération prend la parole. Outre Fred Lebreton, on peut citer le mannequin Yassin Chekkouh, les acteurs de films X Jacen Zhu et Mathieu Ferhati, la chanteuse Conchita Wurst ou les drag queens Trinity K. Bonet et Ongina, stars de l’émission RuPaul’s Drag Race. 

Pour mettre en valeur les témoignages des « anonymes », Fred Lebreton a créé le site Parcours Positif. Il y a publié certaines infos sur le VIH, mais surtout des témoignages de personnes vivant avec le virus.

Que faire si vous êtes victime de sérophobie ?

La sérophobie est une discrimination. Si vous en êtes victime, vous pouvez porter plainte au commissariat ou à la gendarmerie. Vous pouvez également saisir le Défenseur des droits, qui vous assistera dans vos démarches. Dans le cas de sérophobie sur votre lieu de travail, vous pouvez signaler les faits au service de ressources humaines, devant l’inspection du travail ou porter l’affaire au conseil de prud’hommes.

Des associations comme SOS homophobie, Aides ou Mousse peuvent vous soutenir et vous accompagner.

Si vous en êtes témoin, vous pouvez soutenir la personne victime de sérophobie, lui conseiller les démarches citées ci-dessus et/ou l’accompagner pour les faire.

 

C’est important qu’il y ait une nouvelle génération de séropositifs qui parle à visage découvert et qui dise que tout va bien. Cela incitera les gens à aller se faire dépister.

Fred Lebreton militant de la lutte contre le VIH/Sida

 

49,1 %

des personnes vivant avec le VIH 

indiquent avoir été victimes de sérophobie dans le cadre intime et sexuel (source : Aides). 43,6 % des personnes vivant avec le VIH interrogées déclarent avoir été victimes de cette discrimination au sein de la sphère familiale.