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Que faire quand on est victime d’abus sexuel ?

Comment définir un abus sexuel ? Y a-t-il des spécificités aux abus dont sont victimes les hommes gays et bisexuels ? Comment surmonter cette épreuve ? Nous avons abordé ces questions avec le Dr Alexandre Aslan, médecin, sexologue et psychothérapeute.

Temps de lecture : 5 min
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Les points à retenir

  • Il y a plusieurs types d’abus sexuels : le harcèlement, le viol ou l’agression sexuelle.
  • Ne restez pas seul à la suite d’un abus : parlez-en, que ce soit à la police, à vos proches ou à un médecin.
  • Vous pouvez signaler tout abus par téléphone, sur une plateforme en ligne ou en vous rendant dans un commissariat.

 

Qu’est-ce qu’un abus sexuel ?

Le chercheur Pierre Collart propose cette définition : « Toute interaction sexuelle avec une personne qui n’y consent pas. » Cela peut aller du harcèlement au viol, en passant par l’agression sexuelle.

Ces types de faits sont caractérisés différemment par la loi. Le harcèlement, l’atteinte et l’agression sexuelles sont des délits, le viol est un crime. Tous peuvent être punis par de fortes amendes et de la prison.

 

L’importance du consentement

La question du consentement, capitale lorsqu’on parle d’abus sexuel, se pose particulièrement dans les lieux de sexe ou pour certaines pratiques sexuelles des HSH. « Je pense qu'il faut travailler sur le “non” et le consentement. Ce n’est pas parce que tu es allé dans un lieu de rencontre où il y a de la drague et que tu t'es fait violer que tu dois garder le silence », dit ainsi l’un des témoins interrogés dans le livre du chercheur canadien Michel Dorais intitulé Après le silence (Presses de l’Université Laval, 2019).

Ce qui est vrai pour les lieux de drague est aussi vrai pour le contexte de relation sexuelle sous substance psychoactive (chemsex, alcool, etc.). Être sous l’influence d’un produit et ne pas pouvoir exprimer clairement son consentement ne donne pas droit aux autres d’en abuser.

Enfin, le consentement reste important même dans le cadre d’un couple. Ce n’est pas parce que vous êtes d’accord pour quelque chose habituellement que vous n’avez pas le droit de changer d’avis dans une situation particulière. Et ce changement d’avis doit être respecté. La question du consentement concerne tout le monde et toutes les situations.

 

 

Que faire si vous avez été abusé ?

Si vous venez d’être victime d'un abus sexuel, la première chose à faire est de vous mettre en sécurité : à votre domicile, chez un ami ou de la famille, ou un lieu public où votre agresseur ne pourra vous atteindre. Si ce n'est pas possible, vous pouvez contacter la police au 17 ou 112 et demander son intervention. Vous pouvez également envoyer un SMS au 114, si vous ne pouvez pas parler.

Un portail de signalement gratuit, anonyme et disponible 24h/24 et 7 j/7 a également été mis en place par le ministère de l’Intérieur. Une discussion interactive instantanée permet un échange individualisé avec un policier ou un gendarme spécifiquement formé à la prise en charge des victimes de violences sexuelles et sexistes.

Vous pouvez ensuite vous rendre dans un commissariat ou à la gendarmerie pour déposer plainte ou aux urgences, pour vous faire examiner. N’hésitez pas à vous faire accompagner pour cela. En tant que victime, porter plainte est légitime. Les professionnels doivent vous écouter et vous aider. 

Sur le plus long terme, vous pouvez également faire appel à un thérapeute. Dans tous les cas, ne restez pas seul avec votre abus : parlez-en, que ce soit à la justice, à vos proches, ou à un médecin.

 

Bon à savoir

Pour vous aider dans vos démarches, il existe le numéro 116 006, une ligne de soutien aux victimes joignable 7 jours sur 7 de 9 h à 20 h. En dehors des horaires d’ouverture, une messagerie permet de laisser son numéro de téléphone pour être rappelé.

Il est également possible d’envoyer un mail à victimes@116006.fr.

 

Parler des abus dont on a été victime

Parler après avoir été victime d’un abus sexuel n’a rien de facile. Depuis quelques années, des femmes prennent la parole dans les médias et sur les réseaux sociaux pour dénoncer les abus dont elles ont été victimes, avec ce mot-clé ou hashtag : #MeToo (« Moi aussi »). Début 2021, à la suite du témoignage d'un jeune homme qui accusait un couple de l'avoir violé, un mouvement de libération de la parole chez les gays a également pris forme sous le hashtag #MeTooGay.

Le #MeTooGay a montré que pendant trop longtemps, de nombreux comportements abusifs ont été passés sous silence, pour de mauvaises raisons : parce que les gays auraient une sexualité plus libre que les hétéros et donc qu’une certaine « proximité » serait normale, parce qu’il ne faut pas donner une mauvaise image des gays en les faisant passer pour des violeurs, etc. Or, un comportement abusif n’est jamais acceptable, quel que soit le contexte et quelle que soit la personne qui l’adopte. Peu importe ce que les autres en diront, que ce soit les gays ou les homophobes : vous avez le droit de dénoncer l’agression dont vous avez été victime et de demander réparation. 

 

Parler à un thérapeute 

Parler des abus que l’on a subi, c’est aussi en parler à un(e) thérapeute.

Le Dr Alexandre Aslan, psychothérapeute, reçoit régulièrement des hommes gays ou bisexuels victimes d’abus. « Je vois énormément de patients qui ont été violés ou abusés pendant l’enfance. Lors de séances avec des personnes qui ne sont pas venues pour ça, l’idée d’abus arrive, grossit et puis le patient finit par dire – c’est toujours un abus qui est verbalisé d’abord – qu’il a été un peu abusé sexuellement, et puis le mot finit par sortir : c’est le mot “viol”. »

Pour le médecin, cette difficulté à employer le mot « viol » pour les homosexuels peut s'expliquer par le sentiment « d’avoir été un peu acteur » ou d’avoir été « complice » de cet acte.

Je vois énormément de patients qui ont été violés ou abusés pendant l’enfance. Lors de séances avec des personnes qui ne sont pas venues pour ça, l’idée d’abus arrive, grossit et puis le patient finit par dire qu’il a été un peu abusé sexuellement, et puis le mot finit par arriver : c’est le mot “viol”.

Docteur Alexandre Aslan sexologue et psychothérapeute à Paris

13,6 %

des hommes gays disent avoir été victimes d’un abus sexuel

Selon l’enquête Presse gays et lesbiennes 2011, 13,6 % des hommes homosexuels déclarent avoir eu un rapport sexuel contraint au cours de leur vie, et 14,5 % pour les hommes bisexuels.