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Le viol masculin, parlons-en

Le viol est la plus grave violence sexuelle qui puisse être infligée à une personne. Que faire quand on a été victime ? Comment soutenir un ami qui l’a été ? Eléments de réponse.

Temps de lecture : 3 min
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Les points à retenir

  • Le viol est une agression sexuelle avec pénétration.
  • Il est jugé devant une cour d’Assises. 
  • La prescription, c'est-à-dire le délai après lequel on ne peut plus porter plainte, est de 20 ans après les faits si l’agression concerne un majeur, 30 ans pour les mineurs.

Qu’est-ce que le viol ? 

Depuis les mouvements #Metoo et sa déclinaison gay #Metoogay, la parole se libère sur les agressions sexuelles. On en parle de plus en plus, en particulier du viol qui était tabou pendant de nombreuses années.

Le viol est l’un des événements les plus traumatiques qu’une personne puisse subir. Considéré comme un crime, il est jugé devant une cour d'assises.

Selon l’article 222-23 du code pénal, le viol est défini comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur, par violence, contrainte, menace ou surprise. »

Depuis le 1er août 2018, la définition juridique du viol inclut le cas des hommes et des garçons ayant subi des fellations forcées ou ayant été contraints de pénétrer l'auteur du viol. Une fellation est donc bien considérée comme une pénétration.

Le ou les auteurs d'un viol risquent 15 ans de prison. La peine peut aller jusqu'à 20 ans dans certaines situations :

  • si l'acte a été commis par une personne ayant autorité sur vous (supérieur hiérarchique ou policier), 
  • si la victime était particulièrement vulnérable, 
  • si le viol a été commis sur une personne en raison de son orientation sexuelle ou identité de genre, 
  • si l'acte a été commis sous la menace d'une arme.

La loi du 6 août 2018 a porté le délai de prescription de 20 ans à 30 ans à compter de la majorité du mineur victime de viol.

 

Bon à savoir

S’il n’y a pas pénétration, c’est une agression sexuelle et c’est un délit (donc non passible de la cour d’assises).

 

Que faire pour soutenir une victime de viol ?

En tant que proche, on peut facilement se sentir dépassé par la douleur d'une personne qu'on aime et qui a subi ce genre de traumatisme. « La chose la plus importante est d’être là, d’écouter sans juger, en respectant le rythme de la personne », estime Veronica Noseda, ancienne coordinatrice nationale du planning familial. 

Vous pouvez également l’accompagner dans ses démarches auprès de la police ou d'un médecin.

Un portail de signalement gratuit, anonyme et disponible 24h/24 et 7 j/7 a été mis en place par le ministère de l’Intérieur. Une discussion interactive instantanée permet un échange individualisé avec un policier ou un gendarme spécifiquement formé à la prise en charge des victimes de violences sexuelles et sexistes.

 

Quand porter plainte ? 

Pour un viol, la prescription est de vingt ans après les faits, 30 ans s’ils ont eu lieu sur une personne mineure. 

Il n’y a pas de chiffres précis sur les gays ou sur les bisexuels qui en ont été victimes, mais on sait qu’en général, une minorité de victimes ose porter plainte.

En cas de viol, il n'y a pas une liste de choses à faire, prédéterminée, mais la personne doit pouvoir choisir quoi faire (ou ne pas faire) sans pression aucune. Par exemple, il y a des personnes qui auront envie d'avoir recours à la justice, d'autres pas du tout. C'est leur choix. Il faut rappeler que de toute façon une plainte pour agression et viol est recevable même longtemps après les faits. 

Veronica Noseda Ancienne coordinatrice du Planning Familial

 

Et d’un point de vue santé, que peut-on faire ? 

Concernant les enjeux de santé, Veronica Noseda rappelle que “si le viol est récent, il est possible de vous orienter dans les 48 h vers le Traitement Post-Exposition (TPE).”

Le dépistage des IST (autres que le VIH) est aussi important, et peut être fait trois ou quatre semaines après.

Certaines personnes auront envie d'un soutien psychologique. Il y a des centres gratuits, mais, de fait, ils sont souvent pris d'assaut et pas spécialisés dans les enjeux de santé mentale des personnes LGBT. Il existe également des réseaux de psy LGBT/LGBT friendly.

 

Parler du viol

Pour un homosexuel, le viol peut prendre une dimension particulière, comme l’explique la militante Veronica Noseda:  « La violence dans les couples homosexuels est souvent tue, et constitue un véritable tabou. La peur de participer à une stigmatisation de l'homosexualité et le mythe d'une égalité parfaite en dehors du couple hétérosexuel peuvent en partie expliquer cet état de fait. Or, il est important de ne pas être dans le déni ou l'euphémisation. Dans le cas d'une agression/viol en dehors du couple, il est important de prendre en compte le caractère parfois LGBTphobe de l'agression. ».

L’un des premiers à avoir brisé le tabou, c’est Bruno Wiel. Le 21 juillet 2006, après une soirée au Banana Café, le jeune homme gay de 28 ans, était retrouvé dans le parc des Lilas à Vitry-sur-Seine, nu, couvert d’ecchymoses. Battu et violé, victime d’un traumatisme crânien et thoracique, il avait été placé en coma artificiel pendant plus d’un mois. En janvier 2011, ses agresseurs ont été condamnés à des peines allant de 16 à 20 ans de prison, avec la circonstance aggravante d’homophobie. Malgré de lourdes séquelles, il avait tenu à témoigner publiquement et à répondre longuement à la presse.

Il aura fallu attendre 2021, soit 15 ans après l’agression de Bruno Wiel pour que la parole se libère un temps sur les réseaux sociaux. C’est ce qu’on a appelé le #MetooGay.

Bon à savoir

Certains peuvent avoir un “fantasme” du viol. Dans ce cas de figure, il convient de distinguer fantasme et réalité. Et dans le cas d’une relation sexuelle “scénarisée”, il faut s’assurer du consentement de son partenaire.