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Faire face à la transphobie

Les personnes trans sont confrontées à la transphobie au quotidien. État des lieux et perspectives d’évolution avec Mirza-Hélène Deneuve, militante de l’association nationale transgenre (ANT).

Temps de lecture : 5 min
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Les points à retenir

  • La transphobie, c’est le rejet, la discrimination ou la haine d’une personne en raison de son identité de genre.
  • Les propos et les actes transphobes peuvent être punis par la justice.
  • Le 17 mai est la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie.

Qu'est-ce que la transphobie ? 

La transphobie, c’est le rejet, la discrimination ou la haine d’une personne en raison de son identité de genre. Elle peut prendre des formes multiples : rejet par la famille, discrimination administrative, maltraitance dans le milieu médical, violence verbale ou physique, etc.

Dans son rapport 2021, SOS homophobie a recensé 168 cas de transphobie. L’association pointe en particulier du doigt les chiffres concernant les jeunes, puisque « deux cas de transphobie sur cinq ont été rapportés par des personnes de moins de 25 ans » (20 % des cas l’ont été par des mineur·es, contre 6 % en 2019).

Pour Mirza-Hélène Deneuve, militante de l’Association nationale transgenre (ANT), le chiffre de SOS homophobie est « extrêmement sous-évalué ». « Ce sont les actes ou les propos les plus graves qui sont signalés. Mais en général, la transphobie on se la prend dans la tête, on en parle avec les copains et ça s’arrête là. »

Il y a presque autant de formes de transphobies que de formes d’interactions sociales. Il y a de la transphobie administrative, qui entrave ou complique le changement d’état civil, de la transphobie au travail, de la transphobie interpersonnelle et de la transphobie dans le milieu médical.

Mirza-Hélène Deneuve militante de l’association nationale transgenre (ANT)

Que faire si vous êtes victime de transphobie ?

Si vous êtes victime de discrimination ou de violence en raison de votre identité de genre dans la vie de tous les jours, dans le milieu professionel ou médical, vous pouvez, pour obtenir réparation du préjudice causé :

  • contacter une association, comme l’ANT ou  Acceptess T par exemple (sinon vous pouvez vous renseigner auprès du Centre LGBT+ le plus proche de chez vous), qui vous accompagnera dans vos démarches ;
  • porter plainte dans une gendarmerie ou un commissariat afin qu’elle soit transmise au procureur de la République ;
  • vous adresser directement au procureur de la République par lettre recommandée avec accusé de réception ;
  • saisir le Défenseur des droits, en ligne, sur place ou par courrier.

Bon à savoir

Les propos et les actes transphobes peuvent être punis par la Justice. Depuis 2012, la transphobie est en effet reconnue dans la loi contre le harcèlement

Les propos transphobes sont également punis par la loi sur la liberté de la presse.

Des lois, de la prévention et de la visibilité

Pour Mirza-Hélène Deneuve, militante à l’ANT, les lois contre la transphobie sont utiles, mais il faut surtout mettre l’accent sur la prévention, sur « la formation des personnels administratifs, des médecins, de toutes les personnes à qui on peut avoir à faire lors d’une transition, par exemple. Cela passe aussi par une facilitation du changement d’état civil, la formation du personnel scolaire. SOS homophobie le fait déjà, mais il faudrait le faire à une plus grande échelle ».

La visibilité a son importance également. Chaque année, des associations trans françaises défilent lors de la marche Existrans (devenue ExistransInter), aux premiers jours de l’automne, et des associations et trans du monde entier commémorent les personnes trans assassinées lors du Transgender Day of Remembrance (T-Dor), le 20 novembre.

En 2016, la Marche des fiertés de Paris a adopté le mot d’ordre « Les droits des personnes trans sont une urgence » - pour que la lutte contre la transphobie et pour les droits des personnes trans soit la priorité de tout le mouvement LGBTQI+.

* Depuis cette interview, la militante Mirza-Hélène Deneuve est décédée. Merci encore à elle pour son aide et nos pensées vont à ses proches.

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C’est le nombre de personnes trans qui ont été assassinées dans le monde entre le 1er octobre 2018 et le 30 septembre 2019 (source : Trans Murder Monitoring Project). Les meurtres transphobes sont souvent très violents. La majorité de ces crimes ont eu lieu au Brésil (130), au Mexique (63) et aux États-Unis (30). Le rapport dénombre 9 meurtres en Europe lors de la même période.

Les questions à ne pas poser aux personnes trans

La transidentité reste encore méconnue, même au sein de la communauté LGBT+. Mais quand vous vous adressez aux personnes trans, il y a malgré tout quelques maladresses à éviter.

N’interrogez pas une personne sur ses organes génitaux. Cela relève de la sphère privée.

Les personnes trans désignent le prénom qu’elles ont reçu à la naissance par le terme de « deadname » (« nom mort »). Le seul prénom valable pour elles est celui qu’elles se sont choisi. Si la personne a envie d’évoquer son deadname, c’est à elle seule de le faire

Cela relève également de la sphère privée.

Bon à savoir

Il y a plusieurs dates importantes dans l’année pour les personnes trans. 

Le 17 mai est la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie.

Depuis 1997, un collectif organise une marche nommée ExistransInter (auparavant Existrans). Jusqu’ici elle avait lieu en octobre, mais à partir de 2022, elle aura lieu la deuxième semaine de mai. 

Enfin, le 20 novembre, c’est le Transgender Day of Remembrance, la journée du souvenir des personnes trans assassinées dans le monde.